Printemps pourri
"Mon meilleur ami" ou "ma meilleure amie" : c'est une belle formule, mais l'emploie-t-on toujours à si bon escient ? Dans le cas d'Annie - et tant pis pour ceux qui ne la connaisaient pas - c'est VRAIMENT la formulation qui lui convenait. Et plus encore à Aline qu'à moi, puisqu'elle la connaissait depuis leur enfance commune à L'Isle, alors que moi je ne l'ai connue que dans notre jeunesse amoureuse. Mais depuis, avec Pierre, tous les quatre, nous ne nous sommes JAMAIS quittés. Puis tous les six, avec Sophie dans notre foyer, puis Jérôme dans le leur. Nous avons tout partagé : les joies, les fêtes, les vacances à la mer, les parties de pétanque, les bringues avec les amis,... et même la peine, hélas, lorsqu'est survenu le décès de Jérôme, déchirure jamais refermée dans son coeur.
Sa maison, sa table, ses bras, son coeur, nous ont toujours été grand ouverts, ainsi qu'à tous ses nombreux amis. Et cela aurait mérité de durer encore longtemps, longtemps... Mais ce salaud de crabe en a décidé autrement, et hier, il vient de gagner la partie, Annie : son jeu était trop fort, et c'était un adversaire déloyal !
Et comment vais-je faire, maintenant, pour jouer à la coinche entre amis, sans ma partenaire préférée ?
Ni fleurs ni couronnes, tu as raison : c'est vraiment un printemps pourri....