Nuit de juillet

- à Bernadette LAFONT -

Où sont passées nos madeleines ? Sur quels autels, oubliées, non-sacrifiées, en quelles révolutions brûlées, prises en otages des appétits dantesques ?

Nous ne détruirons l'oubli qu'à coups de connexions neuronales sublimées, sans apprêt, sans suppositions, sans les envols de mémoires frelatées. La nuit tiendra le jour en haleine, son souffle chaud sur nos épaules frêles.

Tout en images dentellières, en scarabées lumineux, seront pavées de tics sonores nos illusoires réalités.

Le serpent sur la pierre brûlante se love en lui-même, défiant le pas du randonneur égaré : le vol du martinet ne l'apeure pas, couteau fendant l'air pour mieux l'ouvrir.

Il est des sésames inopérants aux coeurs endurcis, il en est d'autres qui cambriolent l'avenir. Quant aux passeurs de rêves, ils chantent parfois dans les nuits du temps présent.

Que fourbissent leurs armes les guerriers de la beauté ! Sus aux forteresses inassaillies, aux murailles intactes !

Ne se briseront, se morcelleront, que pour mieux se reconstituer vivantes, les écorces des arbres morts, les plumes des aras ébaubis, les songeries inachevées, les mécaniques des espoirs flétris, les jonchées de fleurs rempotées.

Tout est silence, même le cri du hibou, s'il n'est repris par l'écho des collines. Pleure le jour fané, si tu ne l'as vécu.

Vois le chant, écoute la fleur, respire la musique, touche l'air, sent le rouge et le noir des vies venues et à venir.

Aime et fais-toi aimer.

Comments

[Jung Michèle]

Merci, mon Pierrot, pour ce moment si poétique qui m'amènera, ce soir, à revoir "cette sacrée bonne femme" que la collection "Empreintes" lui consacrait l'an dernier.
M'