En bleu marine ?
Après ce premier tour de l'élection présidentielle, les chiffres sur le vote FN, qui n'a plus désormais de concurrent sérieux sur le même terrain idéologique qu'il occupe, prouvent surtout qu'il a atteint un niveau d'homogénéité relatif sur l'ensemble du pays (et un chiffre record en Vse...!).
Ce qui n'est pas moins inquiétant, certes, surtout dans la perspective des élections législatives à venir, mais pose bien maintenant le FN non comme l'expression d'un vote "protestataire", mais bien comme l'émergence, la récurrence plutôt, d'un courant politique bien connu dans la vie politique française (ailleurs en Europe également) : celui du nationalisme. Lequel existe depuis le boulangisme jusqu'au poujadisme des années 55, en passant par les ligues de 1934,... rien de bien nouveau au-regard de l'histoire....
Sauf que, maintenant, ce courant puise ses racines dans un contexte particulier, exacerbé depuis plusieurs années, qui est celui, à la fois, de la mondialisation, et de la construction européenne sur des bases ultra-libérales.
Comment s'étonner du renforcement de ce courant, alors que :
- les règles de l'économie mondiale ont explosé, laissant la finance et les "marchés" imposer leurs lois, avec les dégâts sociaux qui en découlent
- la construction de l'Europe à 27 a largement fait bouger les lignes de l'UE initiale, qui avait amené la paix et la stabilité sur notre vieux continent, avec un double mouvement - paradoxal - d'intégration à marche forcée et de diversifications/concurrences internes
- cette même construction, avec ses traités successifs, a été perçue comme "technocratique", non pas tellement parce que des "fonctionnaires de Bruxelles" nous dicteraient leurs volontés, mais surtout parce que nos gouvernants se sont pliés à ces fameuses "lois du marché", ont dépossédé leurs Banques centrales de leurs prérogatives, ont institué une BCE n'agissant pas sous leur contrôle, et, de plus, ont foulé aux pieds les expressions démocratiques de leurs citoyens (cf. le référendum du 29 mai 2005)
- les conséquences de tout celà sur nos vies quotidiennes ont impacté fortement les consciences dans la diversité des couches socio-professionnelles : paysans déboussolés par les concurrences intra et extra-européennes, retraités inquiets pour le maintien de leurs fragiles situations ("on n'a pas grand-chose, mais on risquerait de le perdre"...), salariés aux conditions de travail éclatées, parcellisées, et ayant largement perdu leurs repères "de classe", etc...
Le vote nationaliste, identitaire, replié sur soi, est donc bien un vote de plus en plus conscient, qui n'a rien d'épidermique. Même avec son coté "café du commerce", le reportage de ce matin dans "La Provence" sur les 40 % de voix pour MLP à Bédarrides est significatif ; les gens qui ont voté pour elle disent "on ne veut pas être emmerdés"... ! Et je pense que ceux des petites communes du haut-plateau vauclusien (Gignac, Lagarde d'Apt, St-Trinit,...) qui ont voté de la même manière ont exprimé ce même sentiment, car il m'étonnerait fort que ce soit, dans ces villages, sur des critères d'insécurité ou de xénophobie "pur jus"... !
Le problème étant, bien sûr, que, comme le repli sur soi entraîne (cdfd) le rejet de l'autre, il se complique avec le racisme et la xénophobie, l'islamopobie (maquillée aux couleurs de la laïcité, c'est ça le comble !), l'homophobie, et toutes sortes d'exclusions, rejetant bien loin le vivre-ensemble dont toute société a besoin, et dont les nôtres, en ces temps difficiles, auraient encore plus besoin !
Bref, y a du boulot pour remonter la pente... ! Il n'est pas interdit de s'y atteler tous ensemble, sans tarder...
Pierre
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